Il y a cinq ans, Brigitte Nahon comprend que ses préoccupations et ses recherches formelles ont pour dénominateur commun un principe d’équilibre, dans sa double acceptation de forces qui s’opposent et de l’harmonie fragile qui en résulte.

D’abord traduit "à la lettre" elle réalise des balances, l’équilibre, au contraire d’une prouesse technique, devient un principe fondateur, une méthode de travail.

Ses pièces de 1988, des assemblages de canalisations non soudées entre elles s’imposent d’abord comme des graphismes dans l’espace ; ensuite seulement, se révèlent les points de contacts scrupuleusement déterminés par l’artiste, qui ajoutent à l’évidence formelle de l’oeuvre, son déploiement dans le temps.

Après avoir décliné les propriétés graphiques des cylindres, Brigitte Nahon soumet le monde des objets au vertige de ses contiguïtés dangereuses. Narratifs, évoquant l’enfance ou l’univers du jeu, un petit train, un damier, un bilboquet, des boules de pétanque qui, dissociés racontent des bribes d’histoire, par cette proximité mais libres d’attaches entre eux, font soudain sens et portent l’oeuvre du côté d’une drôlerie poétique.

Formes paradigmatiques à l’évidence élégante et à la précarité émouvante, les oeuvres de Brigitte Nahon exigent du spectateur la règle d’interdiction du toucher et le respect d’une certaine intégrité de de l’oeuvre : de ce fait surinvesties mentalement, elles font chemin dans l’imaginaire du spectateur qui se laisse ainsi "porter par les évocations intérieures qu’elles suggèrent, le danger constant et imminent".

Catalogue co-produit avec l’Espace d’art contemporain, Paris