Mise à vue

Sylvie Blocher

Du 20 février au 18 avril 1993

Vue d'exposition

Monographie

"Depuis Hygiènes, sa première exposition personnelle en 1980, Sylvie Blocher produit des dispositifs formels dans un espace conçu comme une construction mentale où s’inscrivent les données d’une réalité sensible.

Menant parallèlement des expériences de scénographie, ses constructions sont autant de mise en scène et de mise en jeu du spectateur.

D’une part, des machines aux parois aveugles et mates, au fonctionnement invisible et mystérieux, réalisés dans des matériaux manufacturés, polis et impeccablement ajustés (bois usinés, métal, aluminium) évoquent des architectures industrielles imaginaires et posent les signes d’une modernité glacée. D’autre part, des éléments intimistes, mouvants comme la lumière, la fumée, le sable, la vapeur d’eau, une bande-son qui récite une géographie fantasmatique, suggère des bribes de narration poétique.

Pour faire le lien entre ces deux univers, des appareils optiques (télescope, stéréoscope, lunette d’approche longue-vue, oeilleton etc.) ouvrent comme des veduta sur de "pures images" : ces seuils, permettant l’incursion brusque d’un monde dans un autre, instaurent une contiguïté fictive entre réel et imaginaire et démultiplient en fait les mises à distance : chez Sylvie Blocher, la communication est toujours entravée, interceptée ou médiatisée.

Le spectateur occupe ainsi d’office une place fixée et désignée par avance, où, soustrait à son propre espace, il est catapulté d’un paysage dans un autre.

Les narrations vacantes de Sylvie Blocher, laissent béantes une attente, un advenir et un lieu inaccessibles et perpétuellement différés. L’espace rituel de ses oeuvres, investi d’une charge spirituelle et baigné d’une mystique a-religieuse "touche au plus près de ce qui pourrait être l’art du recueillement, lieu païen où s’appréhende le sacré".

Détail