Gilles Noaillac

Monographie

Du 28 avril au 27 juin 1993

Vue d'exposition

printemps

Le projet d’installation de Gilles Noaillac mis en place à Meymac ce printemps a pour objectif de faire ressentir au visiteur physiquement et symboliquement l’ambivalence de la ville.

Irradiant à partir d’un noyau central, le dispositif plastique, englobe la totalité de la ville.

 


Au coeur, dans l’espace du Centre d’Art Contemporain, 42 formes disposées sur quatre ou cinq rangs, dessinent sur le sol un carré ouvert. Le carré est par excellence la figure du territoire, l’espace du pouvoir (cf. la cité impériale à Pékin par exemple). Entre chaque rangée la circulation est contrainte. L’espace est suffisant pour permettre le déplacement mais trop étroit pour se mouvoir librement.

Chaque forme d’une longueur de 56 cm, moulée en ciment, se compose de cinq éléments (autre référence symbolique) associés selon une logique combinatoire qui permet 12 modulations différentes. Le corps en ronde-bosse est formé d’un cylindre coupé au tiers de son diamètre dans le sens de la longueur. Les membres : quatre petits cylindre, sont alignés sur le dessus ou fichés aux extrémités. Les découpes sont nettes, les formes suggèrent des fonctionnalités sourdement agressives. Elles se dérobent pourtant, parce que trop lisses, à toutes tentatives de les reconnaître et de les nommer. Ce sont des "choses" qui semblent opérer au ras du sol telle une colonne de chars ou une migration implacable de cloportes.

À l’intérieur, un même nombre de "choses" sont réparties aux différents points d’articulation de la ville. Ces formes sont autant de jalons permettant en rappel, l’émotion éprouvée au sein du carré central, le dévoilement de son ordre secret, conditions nécessaires à sa réappropriation et sa maîtrise.

Comme des statues, ce sont aussi des repères qui cristallisent l’attention, génèrent des points de rencontre, de débats et d’échange.

Car la ville est cet espace ambigu, nécessaire et dangereux, fascinant et angoissant, lieu de pouvoir et d’aliénation, d’épanouissement et d’enfermement selon qu’on en possède ou non les codes.

À Meymac, fondée sous la double autorité du politique (Le château) et du religieux (l’Abbaye), qui s’est développée autour de l’axe de sa Grand Rue reliant ces deux pôles, les deux niveaux de lecture seront parfaitement lisibles.

Le dispositif plastique par sa provocation, dans la mesure même où il paraît de prime abord d’une radicalité excessive et d’une ampleur absurde sera parfaitement pertinent.

Gilles Noaillac dans ce travail dévoile non seulement la nature et les fonctions de la ville mais aussi celles de l’art qui ont depuis toujours partie liée.

Jean-Paul Blanchet

 

Oeuvre réalisée avec le concours de l’Erea, Meymac.

Vue 1
Vue 2